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Des vacances pour se découvrir et apprendre

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Un droit pour tous !

A longueur de magazines, à longueur d’images, de slogans publicitaires, de reportages, de plongées documentaires profondes au cœur des sociétés, des lieux, des cultures on nous vante le loisir, le voyage, la découverte du monde… Mais pour qui ?

Depuis plusieurs années, les Cahiers de l’animation ont abordé cette question du droit aux vacances, qui est une question de société. La situation est toujours aussi inacceptable, dans une société moderne comme la nôtre. Cette société des loisirs, disait-on même, où l’importance des temps libérés ne se trouve plus déqualifiée que par l’hymne au sacrifice du travail et la dénonciation de la prétendue oisiveté par les gouvernements de droite qui se sont succédés. Partir en vacances est un droit. C’est un droit arraché de haute lutte, il serait dommage de l’oublier. Comme il serait dommage d’oublier par qui cette lutte a été menée, et quand elle a été menée. Etre et partir en vacances est un besoin également. Qui a dépassé depuis longtemps la seule valeur de récupération de sa force de travail, pour entrer dans ce qui fonde une société et son mode de vie. TROIS MILLIONS D’ENFANTS Or tout le monde n’y a pas accès. Tous les enfants et les jeunes n’ont pas la possibilité de l’exercer : c’est un fait. Mieux encore, dans le contexte et les enjeux sociétaux actuels, il semble bien dérisoire aux yeux de beaucoup de politiciens et de citoyens. Alors, une fois de plus, il faut redire quelques vérités ; La crise touche plus les classes sociales les plus démunies, les plus défavorisées. La dimension économique est centrale dans le non départ en vacances. Mais elle n’est pas la seule. Le sentiment d’exclusion, et trop souvent la réalité d’exclusion de la vie sociale et de ses rites, le travail, les loisirs, les vacances, les activités socialement reconnues et valorisantes sont bien réels. Ils sont le lot quotidien de beaucoup de familles en grande difficulté, de familles de classes moyennes qui n’ont pas accès aux aides. Les vacances et encore plus le départ en vacances, ce n’est pas pour eux.

Comment faire comprendre qu’il n’y a pas de « valeur travail » s’il n’y a pas, au XXIe siècle, de « valeur vacances » ? Comment ne pas voir que les exclus des vacances sont aussi très souvent les exclus du travail. Et à tort ! ON ne mérite pas ses vacances, on y a droit !

UN FRANÇAIS SUR DEUX Ce sont ainsi plus de trois millions d’enfants et de jeunes qui ne partent pas en vacances. Et cette année, plus particulièrement, il semblerait qu’un Français sur deux ne partira pas en vacances. Ces trois millions ne pourront pas vivre des situations dont celles et ceux qui agissent dans le monde de l’éducation savent bien qu’elles contribuent fortement à la construction de la personne. Partir en vacances, et en séjour de vacances collectives, c’est en effet pouvoir sortir de son cadre de vie quotidienne, dans ses différentes composantes, sociales, culturelles, éducatives, relationnelles, architecturales et environnementales. C’est découvrir d’autres repères. Cet éloignement avec les adultes de son quotidien, parents, enseignants, animateurs du quartier, permet à l’enfant, dans une continuité éducative, de quitter un rôle, un personnage dans lequel il est souvent enfermé. C’est la possibilité d’être dans une reconnaissance sociale différente. Cette situation particulière lui donne la possibilité de jouer sur une autre scène, avec d’autres partenaires, sans a priori sur les personnes. La séparation contribue ici à l’accès à l’autonomie et à son apprentissage pour chacun. DE L’ICI À L’AILLEURS Le départ en vacances, hors du cadre de vie habituel, permet le pas de côté, la mise à distance avec le quotidien. Partir en vacances, c’est passer de l’ici à l’ailleurs. C’est aussi découvrir le « ici » de l’autre. C’est avoir la possibilité de modifier son rapport aux autres, son rapport au monde. La confrontation avec un environnement différent de celui du quotidien donne des moyens d’agir et de se situer dans son environnement habituel. La confrontation avec des environnements naturels différents, au-delà de la découverte de milieux spécifiques permet de resituer son milieu de vie quotidien, urbain pour la plus grande majorité des personnes, dans un contexte plus large et plus complexe.

C’est l’occasion de se construire une compétence d’ouverture aux autres, aux autres cultures, aux autres modes de vie, aux autres environnements et aux autres langues. Cette capacité d’adaptation, ce rapport au monde sont aujourd’hui un des éléments indispensables d’insertion et d’action dans le monde moderne actuel. Les séjours de vacances collectives permettent ces situations, dans une expérience de vie collective enrichissante et éducative. Voilà autant de raisons pour revendiquer l’accès aux vacances pour tous les enfants et les jeunes. C’est pourquoi les Ceméa, membres de la plateforme pour le droit aux vacances de tous les enfants et les adolescents soutiennent la proposition de loi instaurant une aide au départ en vacances pour les enfants et les adolescents mineurs. Cette loi pourrait être présentée au Parlement en novembre prochain, si la sensibilisation des politiques est suffisante… L’enjeu est clair.

Vincent Chavaroche

Article extrait de CA n° 67 – Les vacances : un droit ! – Juillet 2009

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