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Des vacances pour se découvrir et apprendre

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Osons le culturel

Entre la consommation brutale d’objets culturels et le refus tout aussi brutal de se mettre en position d’aller voir existent plusieurs alternatives. Les centres de vacances et de loisirs ont un rôle primordial à jouer dans l’accès à la culture du plus grand nombre. Il serait dommage qu’ils ne réussissent pas à se démarquer du tumulte médiatique actuel.

Les centres de vacances et de loisirs sont des lieux de vie privilégiés pour sensibiliser les enfants et les jeunes aux manifestations culturelles et artistiques qui existent et se développent un peu partout en France rurale et urbaine. Ce sont aussi des espaces privilégiés pour stimuler, favoriser des activités artistiques, sans autres contraintes que celles librement consenties au moment du choix de l’activité ou de l’inscription dans un séjour. Et s’il peut y avoir une exigence de production, un objectif de réalisation d’éléments de spectacle à présenter ou d’objets à exposer, cette exigence, de notre point de vue sera d’abord éducative et portera sur l’engagement du jeune dans la pratique de l’activité, sur le plaisir qu’il prend, avant d’être une exigence artistique. Autrement dit, l’ambition artistique qui doit légitimement guider tout projet est au service du projet éducatif. Pendant les temps de vacances et de loisirs, tout au long de l’année, les éducateurs peuvent éduquer les enfants et les jeunes à une pratique de l’activité, à une consommation des produits culturels qui ne consistent pas à accumuler seulement toujours plus d’avoir culturel, mais à acquérir et à développer toujours plus leur bien-être culturel. C’est aujourd’hui de la responsabilité de l’ensemble des acteurs du champ CVL et en particulier des organisateurs de CVL que de recentrer l’accès aux formes culturelles, les pratiques culturelles et artistiques dans leur projet éducatif. Il y a en particulier pour les CLSH un enjeu éducatif majeur tant dans l’accès aux objets et aux pratiques artistiques, dans le renouvellement des pratiques d’animation dans ce domaine, que dans la communication de ces objectifs éducatifs aux familles. Le centre de loisirs étant aujourd’hui le principal lieu de vie après l’école, le principal lieu de garde et de loisirs des enfants, avant la famille, pour une large part de la population, il doit être pour les enfants le centre de loisirs culturels en lien étroit avec tous les lieux et institutions culturelles de la ville, du canton ou de la commune ; un des lieux, à côté de l’école, de l’éducation culturelle.

Un moyen au service de l’expression Dans les CVL, les équipes d’animation ont aujourd’hui à jouer un rôle d’accompagnement culturel qui consiste à faire le lien entre les activités pratiquées et la fréquentation des productions des autres. Si la rencontre avec les arts constitue une découverte de ses propres émotions, et peut éveiller toujours plus de curiosité, de besoin d’étonnement, elle est aussi et d’abord la rencontre avec le regard de l’autre, avec le ressenti de l’autre avec l’imaginaire et l’affect de l’autre qui ne correspondent pas forcement aux siens. Ainsi, accompagner les enfants dans la rencontre des objets artistiques, dans la découverte du patrimoine et de leur environnement culturel, c’est leur apprendre à vivre dans la ville, à s’approprier les lieux publics ; c’est aussi les initier à la différence et au respect de la différence. C’est ouvrir des apprentissages fondamentaux du goût, du sens du goût et de la lecture des signes propre à chacun, et en même temps un apprentissage lent et difficile mais concret du vivre ensemble, c’est-à-dire du respect du goût des autres. Reconnaître la différence de goût, c’est devoir apprendre la divergence de sens. Il s’agit non seulement de créer les occasions de rencontres fortes avec les formes culturelles actuelles, avec les arts vivants, avec le patrimoine culturel environnant mais d’inscrire cet objectif d’éveil culturel au quotidien dans les CVL et d’en faire un axe privilégié de communication entre les personnes, de socialisation. Parce que les enfants ne s’enrichissent vraiment des objets qu’ils regardent, que s’ils peuvent en parler ensemble, que s’ils peuvent échanger et confronter leur ressenti, prolonger leurs émotions et excercer leur créativité, sous différentes formes et pas obligatoirement verbales dans un premier temps. De même, la pratique d’une activité artistique ou l’acquisition d’un certain nombre de techniques deviennent intéressantes à condition d’être un moyen au service de l’expression des personnes. Telles sont les liaisons étroites à promouvoir entre action éducative et action culturelle. L’illettrisme, l’échec scolaire, la misère culturelle qui sévissent dans toutes les couches de la société et pas seulement dans les milieux économiquement pauvres ou défavorisés et qui servent de terreau aux idéologies simplistes et populistes montrent le déficit éducatif de notre société et le manque de nourritures sensibles et spirituelles. Multiplier les occasions de découverte avec des objets artistiques, des livres, des images, des sons, des personnages ; des univers différents pour susciter chez les enfants et les jeunes l’envie et le désir non seulement de savoir et de comprendre mais de s’aventurer, de mettre en relation les pratiques d’animation avec les productions artistiques tel pourrait être aujourd’hui le réflexe culturel de l’animateur.

Bertrand Chavaroche

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