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Des vacances pour se découvrir et apprendre

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L’éducation à l’environnement au quotidien

Les actions d’éducation à l’environnement menées en centre de vacances posent la question de les pérenniser au -delà, dans la vie de tous les jours. Durant le séjour, on peut mesurer un changement de comportement de l’enfant. Il est plus difficile d’évaluer à long terme si l’enfant a acquis de réelles attitudes qui le rendent plus responsable de ses actes.

Durant l’été 1996, j’ai travaillé en tant qu’adjointe de direction et responsable de l’alimentation dans un centre de vacances en milieu marin au Grau d’Agde dans l’Hérault. Il y a eu sur deux mois deux cent cinquante-sept enfants qui sont venus passer une partie de leurs vacances au Centre PEP Le Cosse. Ils venaient d’Alsace et du Sud-Est de la France. Pour certains d’entre eux, le centre de vacances fut plus qu’une rupture avec leur contexte familial et scolaire. Ce fut un changement radical dans les habitudes alimentaires, autant dans ce qu’il y avait dans l’assiette que dans la manière de partager un repas. Une des orientations pédagogiques de l’équipe de direction était de faire vivre aux enfants des activités de découverte du milieu marin et d’instaurer tout au long des trois séjours une éducation à l’environnement au quotidien. En ce qui concerne la vie quotidienne, nous avions mis l’accent sur la notion de consommation alimentaire qui devait limiter les gâchis et la production de déchets en fin de repas. Il s’agissait par exemple de pratiquer la technique “ Robin des Bois ” qui consiste à aller demander aux tables des “ riches ” (ceux qui n’avaient pas tout mangé) de bien vouloir donner aux tables des “ pauvres ” (ceux qui avaient encore faim ou à qui il manquait du pain). Les enfants arrivant au début de chaque séjour n’ayant pas du tout le réflexe de passer ainsi de table en table se dirigeaient soit vers la cuisine pour demander “ du rab ” ou soit allaient jeter systématiquement à la poubelle les restes des plats ou les morceaux de pain. Il y avait intérêt à ce que les animateurs et le personnel de service soient engagés dans cette action pour pouvoir faire les relais autour de chaque table des trois groupes de vie. J’ai pu remarquer au bout de 3 à 4 jours que les enfants avaient changé de comportement. Ils passaient de table en table, jetaient de moins en moins à la poubelle et conservaient les morceaux de pain destinés à nourrir les chevaux du centre. On pouvait donc se féliciter du résultat obtenu. Cependant, notre intention éducative ne voudrait pas s’arrêter qu’à l’observation d’enfants accomplissant “ La Bonne Action ”. L’Education à l’Environnement n’a de sens que si l’action s’accompagne d’une compréhension. C’est là que le travail de chaque éducateur du centre de vacances peut aller plus loin que d’induire un comportementalisme. Il s’agit d’ajouter au comportement une compréhension de l’acte, une vision plus large qui mène à la responsabilité de ce que l’on fait. C’est ce que j’appelle acquérir une attitude, c’est mettre du sens à son acte.

Pour des actions quotidiennes telles que celles vécues à table, on peut aider l’enfant à comprendre l’importance d’un choix dans ses actes. Il est certain que d’acquérir plus qu’un comportement nécessite du temps et l’enfant ne demeure que deux ou trois semaines en centre de vacances. Et après la colo, une fois rentré chez lui, que deviennent ses attitudes embryonnaires ? L’idéal serait de pouvoir mesurer l’impact de notre action sur un plus long terme auprès des 257 enfants accueillis. Cela sous-entend de perpétuer l’action dans le milieu familial et scolaire de l’enfant. C’est donc associer les parents à notre projet pédagogique. Les parents deviendraient les partenaires d’une éducation à l’environnement au quotidien. Notre action s’étendrait à sensibiliser les adultes parents…

Dans le contexte scolaire où une grande majorité d’enfants prennent leur déjeuner, la réglementation sanitaire en ce qui concerne les repas livrés en liaison chaude ou froide est très rigoureuse. Les enfants sont habitués à jeter le restant de leurs barquettes. La rapidité des repas ne permet pas souvent un travail sur la notion de partage. Il en résulte des effets tout à fait contraires à ce que nous tentons de réhabiliter ou d’impulser en centre de vacances. Il y aurait donc dans le milieu scolaire à entamer une démarche de sensibilisation auprès des animateurs et des responsables des collectivités.

Je pense qu’il s’agit d’un projet ambitieux qui demande à être réfléchi… mais pourquoi pas ? Que ce soit auprès des parents ou dans l’école, l’intention serait de les associer dans un projet pédagogique qui se prolongerait au-delà du centre de vacances. Il est vrai que l’on peut également compter sur l’enfant, il peut conserver ses attitudes et même sensibiliser son entourage. Ne parle-t-on pas d’enfant vecteur d’éducation à l’environnement ? Il semble même que le système fondé sur le partenariat a cédé la place au pédiarcat. L’enfant a donc de plus en plus de poids dans son milieu familial…

En se projetant au-delà du centre de vacances, je veux espérer que les attitudes acquises par les enfants puissent connaître “ un développement durable ”.

Valérie Lacombe

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