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Des vacances pour se découvrir et apprendre

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La tête dans les étoiles… mais les pieds sur Terre

Un numéro spécial des Cahiers de l’animation sur l’astronomie en prenant comme prétexte l’événement du 11 août 1999, un travail de partenariat entre l’Association française d’astronomie, l’Association nationale des sciences et techniques pour la jeunesse, et les Ceméa à l’occasion de sa réalisation, tout cela ne peut être que porteur de sens.

Agissant depuis longtemps dans le domaine de la culture scientifique et technique, ces associations, rangées dans la catégorie « mouvements d’éducation » œuvrent pour la généralisation de la pratique de ces activités dans divers lieux d’éducation. Les rencontres Science et Société du CIRASTI de mai 1998 ainsi que le colloque Ciel des Quartiers organisé par l’AFA et ses prolongements, autant de lieux de débats collectifs où s’est traitée notamment la question de l’influence de la culture scientifique et technique dans l’exercice de la citoyenneté. Dépassant le cliché d’une activité inaccessible à tous (quand elle n’est pas rébarbative), pratiquée par une élite d’initiés, l’astronomie, partie intégrante du champ des activités de découverte technique et scientifique, participe à l’éducation de tous et de tous les instants. Accéder à une explication scientifique des phénomènes qui nous entourent, agir sur son environnement pour mieux le comprendre, apprendre à argumenter, à débattre, à contester, c’est s’éduquer, c’est apprendre à mieux exercer son pouvoir de citoyen. Pratiquer l’astronomie éducative, c’est aussi échanger autour de la représentation du ciel qu’en font les différentes religions, c’est s’attaquer à l’obscurantisme tout en laissant s’exprimer les croyances souvent fortement ancrées dans les traditions culturelles, afin de mieux les séparer du fait scientifique avéré… c’est faire progresser l’idée de laïcité. « Plonger la tête dans les étoiles, c’est paradoxalement se relier plus solidement au monde qui nous entoure. Apprendre à observer le ciel, c’est aussi développer son sens de l’observation ici-bas, tout en nourrissant les esprits d’une inépuisable source d’émerveillement et d’interrogations. Mener des activités autour de ce thème, c’est se recréer des occasions d’aborder de nouveau, sans complexe, toute une série d’actes : penser sur soi et sur le monde, écrire et compter, dessiner et créer, jouer (comme acteur, comme joueur) et construire… des actions dont les formes sociales traditionnelles avaient -presque- réussi à faire croire à certains qu’ils en étaient, qu’ils en seraient exclus. » (AFA, colloque Ciel des Quartiers). Comme d’autres activités à caractère technique et scientifique, l’astronomie propose également une autre approche des connaissances, une relation autre au savoir. Parmi les multiples malaises que peuvent renvoyer les jeunes des banlieues en difficulté, on note une crise de la représentation, une crise dans le rapport de l’individu au savoir ainsi qu’un besoin marqué d’autorégulation et la nécessité de se donner des règles. Ce qui est apporté d’en haut ne passe plus aussi aisément, ce mécanisme de transmission des savoirs est rejeté d’autorité, la construction des savoirs à partir de l’individu, porteuse de sens pour lui, est de plus en plus revendiquée (comme l’atteste la consultation des lycéens) ; la démarche d’acquisition des savoirs devient plus intéressante pour les individus que le savoir lui-même. L’astronomie devient ainsi porteuse de cet enjeu pédagogique majeur qui intéresse l’ensemble des lieux d’éducation. À l’occasion du phénomène extraordinaire que constitue l’éclipse totale du 11 août 1999, ce numéro des Cahiers de l’animation se veut à la fois une invitation à découvrir ainsi qu’un guide pratique et pédagogique à l’usage des éducateurs désireux d’accompagner enfants, jeunes et adultes dans leur démarche de découverte de l’univers. En vous invitant au voyage, je finirai en citant le sociologue Bernard Vatrican, lui aussi passionné par le ciel et ses enjeux sociaux : « Regarder le ciel, c’est aussi poser un autre regard sur la Terre… Après avoir été longtemps vecteur d’aliénation, le ciel pourrait ainsi devenir facteur d’autonomie. »

Andres Garcia

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