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Des vacances pour se découvrir et apprendre

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Un garçon, ça ne pleure pas !

vst122Le machisme a encore de beaux jours devant lui. Plus on avance vers des mesures qui devraient permettre une véritable parité entre les hommes et les femmes, plus les forces réactionnaires se dressent pour en empêcher l’accomplissement.

Théorie du genre ou pas, nous savons bien, nous les éducateurs, que la différenciation des sexes se produit vers le plus jeune âge. Il suffit de jeter un œil sur la majorité de la littérature enfantine (malgré les efforts de Montreuil et du Salon du livre et de la presse jeunesse) pour voir que les stéréotypes se construisent dans les jeux, dans les couleurs, dans les rôles auxquels on fait aspirer les enfants. Dans le langage courant : « Un garçon ça ne pleure pas ! »

Combien de fois l’ai-je entendu, enfant ! Combien de fois l’entends-je encore aujourd’hui au hasard de mes promenades et de mes rencontres !

Oh ! Certes, nous avons fait des progrès dans les recherches pédagogiques auxquelles nous avons été conviés, mais ces efforts n’ont guère infléchi ni les vendeurs de livres, ni les fabricants de jouets, et l’homme de la rue continue sans le savoir, sans le vouloir d’ailleurs, par habitude, à produire les mêmes processus qui transportent les mêmes idées. La parité devrait être une attitude naturelle : on a besoin d’une attention particulière pour ne pas être pris au piège des habitudes.

Je dis bien : la parité qui devrait être une attitude naturelle. Le plus fort, c’est que nous sommes tous entraînés malgré nous à utiliser les stéréotypes.

J’entendais, ces jours-ci, prôner le sport féminin, parent pauvre du sport en général. D’abord parce que certaines disciplines, jusqu’à pas très longtemps, étaient fermées aux femmes et aussi parce que lorsque s’installent des compétitions féminines, le public est moins important que celui qui assiste aux mâles ébats des vedettes masculines. Cela bouge, bien sûr ! Et cela bouge très doucement, tout simplement parce que le premier réflexe ne va pas dans ce sens – parce que tout est bon pour justifier que le masculin l’emporte sur le féminin. Cela pourrait faire sourire si les conséquences sociales n’étaient pas si importantes, se traduisant dans les salaires, dans les rôles, dans les responsabilités. Même dans les professions où le genre féminin l’emporte sur le masculin, les postes de direction vont plus souvent vers les hommes, on le sait bien !

Alors quand tout à coup un ministre courageux décide de s’attaquer à cette forteresse, en prônant des exercices, des jeux, des histoires, où les stéréotypes sont mis en quarantaine, voici les bonnes âmes qui se mettent à crier au scandale, à la pornographie, à l’apprentissage de la masturbation, que sais-je ? Que n’ont-ils pas inventé dans cette rumeur où l’école est mise au piquet. Je devrais dire aussi « n’ont-elles pas », tant les femmes satisfaites de leur esclavage (ou tout au moins faisant semblant de l’être) sont parmi les plus remontées contre ces méthodes qui tendent à diminuer les raisons d’une dépendance millénaire.

La rumeur, la calomnie, depuis Beaumarchais, cela n’a pas beaucoup évolué. Alors, Mesdames, courbez-vous, n’oubliez pas de mettre votre rose tablier, et surtout remerciez ceux qui vous méprisent et vous persécutent. Grâce à vous, le machisme se porte bien.

Jacques Ladsous

Texte paru dans Vie Sociale et Traitements n°122

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