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Gloire aux inventeurs et aux innovateurs ! Hommage à Jean Oury

vst123Jean Oury est décédé en mai dernier voir l’article. Avec Félix Guattari – non sans débats entre eux –, il avait développé et mis en actes dans sa clinique de La Borde les principes de la psychothérapie institutionnelle, devenue un lieu mythique dans le microcosme des passionnés de psychothérapie, de psychanalyse et de politique. En même temps, il pensait, théorisait, construisait, allant aux confins de la psychanalyse avec sa théorie psychanalytique de la psychose. Ses travaux sur « Le collectif » sont devenus des points de repère et des sources de réflexion indispensables.

Oury n’avait pas tout inventé tout seul. On n’invente jamais tout seul. Formé à Saint-Alban par François Tosquelles, il s’est également inscrit dans le courant de pensée international qui conduisait une critique frontale de la psychiatrie asilaire, en montrant qu’il fallait traiter d’abord l’établissement asilaire en le considérant comme une institution. « D’abord, soigner l’institution ! »

Inventeur avec d’autres, penseur avec d’autres, il a su mettre en actes ses références et ses réflexions dans une démarche de soin et il a su partager cette pratique. C’est peut-être même là sa plus grande réussite : avoir montré que c’était possible, et former pour la diffusion. Le numéro 125 de VST, en mars 2015, reviendra longuement sur « L’avenir de la psychothérapie institutionnelle » dans le cadre d’un dossier tourné vers l’avenir de ce courant de pensée et de cette pratique.

L’inventeur-créateur-innovateur n’est plus là. Alors, comme on a pu l’entendre, La Borde, c’est fini ? C’est vrai que la figure du créateur ne sera plus là pour lutter contre les pesanteurs et la bêtise administrative. Mais l’idée La Borde, ce principe en actes de la psychothérapie institutionnelle ? Sauf à vouloir en faire un conservatoire géré par de fidèles garants de la mémoire, et il y a ici un risque réel de fétichisation de la forme, La Borde a un avenir : celui qui s’y construira par ceux qui continueront, qui prolongeront, qui adapteront, qui feront évoluer la pensée et les pratiques. Et il en est de même, plus largement, de la psychothérapie institutionnelle.

Aujourd’hui, des innovateurs-inventeurs sont au travail dans la psychiatrie, dans le social et le médicosocial. Ils ouvrent des structures de travail originales, ils agissent avec des groupes sociaux constitués, certains s’engagent sur les marges pendant que d’autres s’acharnent à aller au plus loin des possibles au coeur des institutions. Certes, on ne voit pas apparaître chaque semaine une nouvelle construction théorique, mais il y a régulièrement (re)naissance de nouveaux concepts d’action qui viennent bouleverser ou rénover les pratiques : travail communautaire, réduction des risques, accompagnement des squats, groupes d’entraide mutuelle, advocacy… Ce ne sont pas là que de petites inventions ni de petites évolutions, qui ne vaudraient pas grand-chose en comparaison aux oeuvres de grandes figures tutélaires. Il y a simplement ceux qui bougent, et les autres.

Alors, hardi les innovateurs, les inventeurs, échangez ensemble, comparez, critiquez, référencez, communiquez, et qu’ainsi le principe de fond de La Borde, cet acharnement à faire ce qu’on pense devoir être à faire, vive toujours demain.

François Chobeaux

Texte paru dans Vie Sociale et Traitements n°123

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